TRADUIRE
« – Mais au fond t’avais peut-être raison aussi, hier… Les vétérans, Cody, Ryan, Bruce… Jonathan et tous les autres…. ils ne sont pas venus chercher la mort, enfin pas forcément. Nature is the best nurse. Ce qu’ils ont retrouvé ici, en pêchant, le désir de vivre, brutal, le vrai combat avec la nature vraie… »
C. Poulain, Le Grand Marin
ARGUMENT
Quelle tension y a-t-il entre écrire et vivre une aventure? En revenant sur la performance de lecture ininterrompue de Moby-Dick conduite en mai 2017, pendant 32h et 16 minutes, associée à des expérience de traductions artistiques des schèmes melvilliens, cette journée de conversation avec Philippe Jaworski et Catherine Poulain a souhaité poursuivre le travail d’archéologie du roman. Son on accepte de penser, dans la ligne de J. L. Austin, que dire c’est faire, a pu envisager ces échanges comme une étape de plus à la préparation au voyage et aux différentes campagnes de terrain qui furent ensuite développées pendant la deuxième année du programme. En effet, il y aurait dans cette expression du langage, le prérequis de l’expérience.
Pour bien dire, autrement dit bien faire, il faudrait d’abord bien vivre. Dans ce contexte, que peuvent nous dire le traducteur et l’aventurière de leur propre aventure de réécriture et d’écriture? Entre l’extrême proximité de l’un et les échos troublants de l’autre avec le roman de Melville, se tissent de nouvelles intimités avec la blancheur du cachalot.
Elle-même conçue comme un embarquement, cette journée est revenue sur les appareillages partagés par Moby-Dick et Le Grand Marin, du gaillard d’avant au gaillard d’arrière.
JOURNÉE POULAIN JAWORSKI, COMMENT TRADUIRE L’ÉTRANGE
29/30 NOVEMBRE 2018, UNIVERSITÉ BORDEAUX MONTAIGNE, MAISON DES ARTS.
Aux premiers jours de nos travaux et de nos préparatifs à la lecture de Moby-Dick s’était posé la question de la traduction. Quelle traduction choisir entre celles de Giono, Guerne ou encore Guex-Roll. Assez vite le choix s’est porté sur celle de Philippe Jaworski, publiée à la Pléiade en 2006, considérée par les spécialistes comme la plus fidèle et précise. Le problème de la traduction de la langue va avec une autre épineuse question qui est celle de la traduction formelle et de ce qu’elles emportent toutes deux de nouveauté et de vécu. Aussi il a paru nécessaire de mettre à l’épreuve le livre avec son traducteur – Jaworski -, mais aussi avec celle qui, à sa manière, a vécu Melville de l’intérieur pour tenter de comprendre toute l’étrangeté des déplacements qui, ici, s’opèrent à travers le langage – Poulain.
PHILIPPE JAWORSKI est traducteur, professeur émérite de littérature américaine à l’université Paris-Diderot. Il a notamment réalisé la traduction des écrits de Herman Melville ou encore de Jack London à la Pléiade, et plus récemment celle du Vieil Homme et le Mer, d’Ernest Hemingway aux éditions Gallimard.
CATHERINE POULAIN a été ouvrière agricole et bergère avant d’être écrivain. Elle a publié en 2016, Le Grand Marin, aux éditions de l’Olivier, après avoir passé 10 ans en Alaska et tant que marin pêcheur. A paru également en 2018, Le Cœur Blanc.
ÉQUIPE: Chloé Bappel, Pierre Baumann, Étienne Beaudouin, Christine Bielle, Marlaine Bournel, Alice Camuzeaux, Simon Deniboire, Esther Pontoreau, Camille Rousseau, Tomas Smith, Anne Wambergue.