NOS DIRES ONT LA VIE COURTE

CONVERSATIONS ET JEUX DE FICELLES

Nos dires ont la vie courte est une journée d’échange autour de l’exposition Parler avec elles, concue par Émilie Parendeau, qui s’est tenue le 6 décembre 2023. Elle fut présentée au Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA et prit appui sur un protocole de conversation simple basé sur les jeux de ficelles, c’est-à-dire des figures construites collectivement qui permettent de faire circuler la parole.
Les jeux de ficelles (string figures) sont des pratiques vernaculaires présentes sur tous les continents. Ils consistent à élaborer des figures géométriques à partir d’une boucle de ficelle qui s’entrecroise entre les doigts et permet à la narratrice ou au narrateur de développer des récits visuels, oraux, interactifs et éphémères, que Donna Haraway a aussi qualifié de fictions spéculatives.

L’expérience de recherche-création Nos dires ont la vie courte s’est proposée de construire, le temps d’une journée, une suite de figures orales qui sont venues parler avec les œuvres, la scénographie et les personnes
présentes dans l’exposition Parler avec elles.

Claude Rutault a dit « Les œuvres ont la vie courte, mais elles ont plusieurs vies. » On pourrait ajouter que « Nos dires (aussi) ont la vie courte, mais ils ont plusieurs vies (aussi) ».
Alors, plus qu’une étude sur l’exposition, il s’agirait, ici d’assumer le caractère résolument créatif, éphémère et relationnel de la rencontre avec les œuvres qui, inéluctablement, se diluent dans leur nouvelle interprétation orale, plurielle et renouvelable. Comment le récit, l’énoncé, est-il à même de prendre le relais des formes ? Ces figures peuvent-elles constituer une exposition dans l’exposition ?
La journée d’étude Nos dires ont la vie courte est une proposition des étudiant·es du Master 2 recherche arts plastiques de l’université Bordeaux Montaigne, en partenariat avec le Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA, réalisée dans le cadre du séminaire de recherche-création de Pierre Baumann.
Son dispositif conversationnel, auquel a également pris part le public, a proposé une circulation entre les différents espaces de l’exposition Parler avec elles, histoire de construire neuf figures de conversation.

NOS DIRES ONT LA VIE COURTE

FRAC Nouvelle Aquitaine MECA
6 DÉCEMBRE 2023

Journée de conversation conçue dans le cadre du séminaire de recherche-création du Master 2 recherche arts plastiques de l’Université Bordeaux Montaigne, en collaboration avec le Frac Nouvelle Aquitaine MECA.

AVEC : Sasha ANIKIEVA, Chaza AYOUB, Taslima BAKHTA-NELLIS, Heidi BARRE, Pierre BAUMANN, Camille BOIVIN, Alice CHAN-ASHING, Claire COMMES, Anne-Claire GOUSSET–LACROIX, Ismaël JEAN-BAPTISTE, Adeline NEBOR, Apolline SATTA, Lisa TAULEIGNE

ET LA PARTICIPATION IMPROVISÉES DE : Barbara BOURCHENIN, Maxime GUECHE, Mya WANNER, Ronan CHARLES, Corentin HERAUD, Laïla NADRI, Alizée DESMAS.

CAPTATION SONORE : Toute l’équipe.

MONTAGE DES PODCASTS : Alexandra ANIKIEVA, Camille BOIVIN, Claire COMMES, Pierre Baumann.

CONCEPTION GRAPHIQUE DE LA COMMUNICATION VISUELLE : Apolline SATTA.

CONCEPTION GRAPHIQUE DE L’ÉDITION : Pierre BAUMANN.

ACCOMPAGNEMENT DU FRAC : Iloé LAFOND

Salle 1. Une filiation du temps

par Adeline, Anne-Claire, Camille, Lisa, Pierre

C’est l’une des deux premières salles que l’on voit en arrivant dans l’espace d’exposition.
La première pièce est un amas de galets gris sur lesquels se dessine une ligne blanche continue. On retrouve cette ligne blanche sur l’œuvre de Pauline Boudry et Renate Lorenz, Wig Piece, un tableau-rideau en cheveux synthétiques noirs. Sur le mur qui forme l’angle se trouve un tableau-mobilier en similicuir noir et bleu.
Au centre de la pièce une sculpture de Stéphanie Cherpin composée de rouleaux de lavage multicolores, agencés comme un portrait de famille.

Salle 2. Le chien passe, les ombres restent

par Adeline, Alice, Anne-Claire, Heidi, Ismaël, Lisa, Taslima

Cette salle est composée essentiellement d’objets blancs, l’œuvre CLOM TROK de Joël Hubaut est une accumulation et collection d’objets blancs, qui tirent parfois vers le jaune, on y voit des vêtements, de la vaisselle, des cartes postales, des points de lumière apportés par les lampes et les néons sur les murs. Certaines œuvres de la salle s’en retrouvent sorties, comme la batterie de porcelaine, le vase en tête de chien, la théière en plâtre (de Malevitch réinterprétée par Karina Bisch), ou encore la gravure encadrée de John Giorno sur laquelle on lit « catch a falling knife ».

Salle 3. Les furtifs disparaissent

par Adeline, Alice, Anne-Claire, Camille, Chaza, Claire, Ismaël, Pierre, Sasha, Taslima

Cette salle est la plus grande de l’espace d’exposition, en y entrant on est directement confronté·es à l’œuvre de Richard Fauguet qui traverse la pièce dans sa longueur. Une grande table en verre avec des pieds en verre, sur laquelle est posé un ensemble d’objets de verre, dont la forme évoque des objets d’observation/vision.
L’œuvre se détache grâce au mur rouge de Rutault qui, lui aussi, prend toute la longueur de la pièce.
En face du mur, sur une étagère, sont posés quatre masques zen noirs qui semblent sortis des quatre casques anti-émeute, noirs aussi.
Au fond de la salle, un drapeau en sky lui aussi noir, accroché comme un étendard.
À sa gauche, deux toiles de Opalka sur lesquelles on peut voir des nombres écrits à la main en blanc sur un fond gris.
À la fin du cumul de toiles de Transit, est installée une toile ovale, tournée face au mur à la mort de Rutault.
Puis parfois, dans la salle, mais souvent sortie, l’œuvre L’ingénieure qui transportait des pierres est composée d’un gros bloc de béton posé sur des rouleaux en bois, qui peut être déplacé dans tout l’espace d’exposition.

Salle 4. Mais on ressent tout

par Anne-Claire, Claire, Heidi, Lisa, Pierre, Sasha

C’est aussi l’une des deux premières salles que l’on voit en entrant dans l’espace d’exposition.
On arrive face à une plaque de contreplaqué courbée qui se détache du mur et recouvre les spectateur·ices
À sa droite, pendent les fils des perceuses et visseuses comme oubliées sur la cimaise.
Au centre de la salle, monté sur roulettes, un paravent presque aussi haut que le mur, tapissé de photo de morceaux de nuages sur un ciel bleu, qu’on pourrait observer à travers un chariot, sur roulettes lui aussi, fait de deux plaques blanches et carrées, séparées par quatre barres en acier, trois rondes et une carrée.

 

Salle 5. Jusqu'à l'obscurité

par Alice, Apolline, Claire, Lisa + PUBLIC

Cette salle est divisée en deux espaces de projection.
Le premier est une salle blanche dans laquelle on se retrouve progressivement baigné de lumière blanche elle aussi, le son d’un bruit blanc augmente en même temps que la lumière.
Le second espace est une boîte noire, on observe la projection de l’évolution de la forme d’un quadrilatère de lumière blanche, un peu jauni. Le son du projecteur émet un clac sonore à chaque changement de diapositive et donc à chaque changement de forme.

Salle 6. Reconfigurer

par Anne-Claire, Apolline, Claire, Heidi, Sasha + PUBLIC

Cette salle est la seule qui dispose de fenêtres, selon l’heure, la lumière baigne l’œuvre de Richard Long, un ensemble de pierres grises rangées en cercle, les pierres les plus polies au centre et les plus brutes à l’extérieur du cercle.
La fenêtre se reflète aussi dans trois grands miroirs rectangulaires sur lesquels sont collés des judas qui forment les constellations de la vierge, du centaure et du cygne.
Cette œuvre fait face à un nouveau mur de Rutault, peint en violet cette fois, les toiles installées à gauche du mur pointent vers la droite.

Salle 7. Ce que tu prendrais avec toi

par Anne-Claire, Apolline, Chaza, Heidi, Ismaël, Pierre, Sasha + PUBLIC

C’est la plus petite salle de l’exposition.
Au centre se trouve la Cellule n°2 d’Absalon. C’est un énorme cylindre en contreplaqué blanc, aux bords épais, couché sur le sol et dans lequel on voit des formes géométriques du même matériaux, quand on en fait le tour on remarque dans les deux coins opposés d’un même mur, une photographie en noir et blanc d’une ampoule allumée, de la même forme cylindrique que la cellule et, en face, une bande de papier déchiré qui habille l’angle de la pièce en diagonale.
La seule touche de couleur est apportée par le mur bleu cyan de l’œuvre de Rutault.

Salle 8. Comme au début d'une fête

par Heidi, Ismaël, Pierre, Taslima + PUBLIC

Cette salle est comme divisée en deux dans sa largeur, deux œuvres de Rutault, un mur vert et un mur jaune sont séparées par une cimaise blanche tachée de traces de produits ménagers.
D’un côté une autre œuvre de Rutault, un paquet de toiles blanches est appuyé en équilibre sur le même nombre de toiles noires.
De l’autre côté de la cimaise, une œuvre de Quentin Lefranc.
Face à ce mur, un canapé en sky argenté, entouré de deux stores sans fenêtre de la même couleur.
Puis, sur le grand mur central de l’espace d’exposition, des formes géométriques de bois peint en blanc comme une construction éclatée d’Imi Knoebel.

Salle 9. Toi, tes maux et les poussières de miroir

par Adeline, Alice, Apolline, Claire, Heidi, Pierre, Sasha, Taslima + PUBLIC

En entrant dans cette salle, on se retrouve confronté·es à nous-même, par la présence des feuilles d’acier tordues de Stéphane Dafflon qui nous renvoient notre reflet, quelle que soit notre position dans la salle. Elles reflètent aussi l’œuvre de Rutault, Transit, une accumulation de toiles de formes, tailles et couleurs différentes posées contre le mur central comme la colonne vertébrale de l’exposition.
Rutault est aussi présent dans cette salle par quatre feuilles de calque qui se font face, sur un mur bleu et un mur blanc. On retrouve sur ce même mur un miroir brisé et une phrase en lettres noires « Close your eyes ».
Le mur du fond est tapissé d’un ensemble de mots mis à la suite à la manière du jeu « marabout bout d’ ficelle ».