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« C’est une presqu’île, tu marches sur des cailloux et des manchots. »
Anne Colomes — Je suis partie là-bas et, j’ai commencé à me dire que c’était peut-être le seul endroit sur Terre où on mettait tant de temps à arriver. Ça a eu un côté « déceptif » aussi. [rires] Le voyage était plus intéressant pour moi que quand je suis arrivée sur place. C’est-à-dire qu’on passe par Hong-Kong, par l’Australie, puis on va à Hobart en Tasmanie. Donc vous voyez, c’est en-bas. On a fait beaucoup, beaucoup d’heures d’avion, et en fait on embarque sur un bateau qui n’est pas très très grand, qu’on trouve au début trop mignon. C’est un bateau qui fait 50 mètres, qui n’a pas de cale, donc pas de stabilité : pour pouvoir aller sur la glace. Tous ces trucs techniques, en fait, ont une importance que je n’avais pas appréhendée. Et de manière générale, de toute façon on ne peut pas appréhender un voyage. On est donc resté huit jours sur ce bateau, enfermés, forcément, impossible d’aller sur le pont. (…)
Entretien avec Anne Colomes
Artiste
5 octobre 2017
à Bordeaux (UBM)
Le 5 octobre 2017, nous rencontrons Anne Colomes, artiste plasticienne. Elle nous raconte son Antarctique, à la base Paul Émile Victor de Dumont d’Urville. Pendant les Années Polaires Internationales, l’Institut Paul Émile Victor, à Brest, appelle deux paires d’artistes à partir, l’une au Pôle Nord, l’autre au Pôle Sud, pour confronter leurs méthodologies à celles des scientifiques et faire naître « quelque chose » de ce dialogue. Anne embarque en 2008 pour trois mois de résidence, avec son binôme artiste, qui ne tiendra pas trois semaines, isolé au fond du monde.